Donc comme vous avez pu le comprendre si vous avez lu l’article précédent le voyage jusqu’à Sa Pa n’a pas été de tout repos. Enfin surtout le voyage jusqu’à Lao Cai qui aura été le terminus de notre train. Une fois à Lao Cai, nous prendrons un mini-bus en direction de Sa Pa. Là aucun problème. Le chauffeur attendra juste l’arrivée du train suivant afin de remplir son mini-bus. Et puis nous ne verrons pas grand chose du trajet, la nuit ayant été difficile, nous nous sommes vite rendormis malgré la route sinueuse. Quand les yeux s’ouvrent de nouveau, nous sommes à Sa Pa.
Sa Pa, ville d’environ 40 000 habitants située à 1650 mètres d’altitude. Elle a été fondée en 1922 par les colons français qui avaient vu un lieu de villégiature pendant la saison chaude à la manière de Dalat dans le sud. Ainsi en 1947, on pouvait compter plus de colons que de vietnamiens. On vit aujourd’hui un peu la même chose car la ville est envahie de touristes. Mais le tourisme a eu le bénéfice de faire renaître cette ville qui a été durement touchée par les conflits : guerre d’Indochine, guerre du Viêt Nam et surtout différend frontalier sino-vietnamien de 1979. Toutefois le tourisme apporte son quota d’invonvénients : construction envahissante d’hôtels et surtout mutation culturelle des montagnards et des minorités ethniques (certains montagnards maîtrisent mieux l’anglais que le vietnamien).
Le mini-bus nous déposera à proximité de notre hôtel. Je vous donne la carte de visite de cet établissement car nous avons été satisfaits et qu’il est cité comme référence dans plusieurs guides :
Auberge Dang Trung Sapa
Tel : 020871243 Fax : 020871666
Email : info@sapadiscovery.com
Le patron parle très bien le français. Toutefois, si vous prenez un guide francophone, sachez qu’il vous en coûtera 30 $ par jour et par personne contre 20 $ pour un guide anglophone.
Une fois à l’auberge, la première chose que nous faisons est de réserver notre billet de train pour le retour et le billet d’avion pour Huê. Ensuite nous organisons le petit circuit que nous allons faire à pied et enfin nous profitons des 3 heures qu’il nous reste avant le départ en randonnée pour prendre une douche et dormir. Nous commencerons à marcher vers 10h avec notre guide Hiên (qui signifie gentillesse) au regard malicieux. Un troisième larron nommé Jerry, étudiant en médecine et de nationalité australienne nous accompagnera pendant la première journée. Au départ de la marche, un groupe de Hmong (minorité ethnique majoritaire dans la région) nous attend pour nous vendre des pseudo bâtons de randonnée en bambou. Ben, j’aurais dû en acheter un. Ma première chute interviendra quelques centaines de mètres plus tard. Ca sera la première mais pas la dernière. Pendant toute la matinée, nous serons accompagnés de nombreux autres touristes et de Hmongs noirs qui nous tendent la main dès que le sol s’annonce glissant. Quand on lève un peu les yeux de ses chaussures, le spectacle est sublime : montagnes aux flancs décorés de rizières en terrasses. Et encore ici le repiquage des jeunes pousses n’a pas débuté. Ca donne vraiment envie d’y retourner à une autre saison. Le tout est agrémenté de cochons vietnamiens, de chiens, de Hmongs aux tenues si colorées qu’elles en déteignent sur leurs mains et leurs bras. A ce propos, si vous achetez des tenues traditionnelles, sachez que la teinture indigo que les Hmongs utilisent n’est pas fixée. Donc si vous ne souhaitez pas ressembler à un schtroumpf, il est recommandé de tremper les vêtements dans de l’eau froide salée ou vinaigrée ou alors d’isoler le vêtement dans un sac plastique afin d’éviter de transmettre la bleuïsse à tous vos vêtements. Une fois ces précautions prises, nous pouvons aller déjeuner. Le repas, euh, comment dire, il fait tache au milieu du décor. Je ne m’attendais pas vraiment à manger de l’omelette, des crudités, du pain, des fruits et de la vache qui rit. Ah putain, je savais bien que je finirais par croiser une franc-comtoise. De toute façon j’avais pas un grand appétit et Louloute a toujours des crampes à l’estomac. En plus, nous étions attendus par les Hmongs qui nous assaillent afin de nous vendre des petites sacoches artisanales. Difficile de ne rien donner étant donné que ces femmes nous ont accompagnés toute la matinée. Mais nous ne sommes pas dupes et nous savons bien que leur finalité était de nous vendre des objets à la fin du parcours. Nous donnerons finalement quelques milliers de dôngs pour leur aide sans acheter leurs accessoires artisanaux. Est-ce la bonne solution ? Je ne pense pas. Il aurait été certainement plus bénéfique de faire un don dans un collège ou une école ou de prendre un guide issu des minorités ethniques. Pas évident d’être toujours éthique quand on fait le touriste. A réfléchir pour le prochain voyage.
L’après-midi consistera à marcher dans le fond de la vallée où nous traverserons plusieurs villages et où l’on visitera une maison Zay. Très propre et assez spacieuse. Elle est construite à même le sol avec deux mezzanines de chaque côté de la pièce principale. Nous arriverons vers 15h30 sur notre lieu de couchage à Ta Van ; une sorte d’hôtel campagnard doté d’un billard. En haut, une mezzanine equipée de lits, de couvertures, d’oreillers et de moustiquaires. Vu notre arrivée précoce, nous en profiterons pour faire une bonne sieste (2 heures pour Louloute) qui sera suivie d’une bonne douche. Suite à la douche, un repas avec des consonances un peu plus vietnamiennes et ce sera l’occasion de faire connaissance avec une quatrième compère : Karine, banquière et parisienne. Plutôt sympathique mais nous en reparlerons plus tard. L’ambiance de la soirée est plutôt bon enfant (verre d’alcool de riz offert par le tenancier) mais elle se terminera assez tôt car le voyage en train a laissé des marques. Mais malheureusement, je ne trouverai pas le sommeil tout de suite car une bande d’anglophones hurlants a envahi les lieux pour s’abreuver et écouter de la musique anglaise. Non mais quelle idée de faire hurler sa musique en cet endroit. Bref la nuit sera bonne tout de même ce qui n’aura pas été le cas de Louloute. Et moi, je me réveille avec des vertiges qui je pense étaient dû à une légère déshydratation. Au petit déjeuner, on se sent à nouveau touristes : café soluble, thé lipton et crêpes. Seul le miel semble être du coin. Le sac à dos viendra reprendre sa place vers 10h00. Environ 30 minutes plus tard, il commencera à pleuvoir et cela durera toute la journée. Et sentiers en terre + pluie + pente raide = on serre les fesses. Mais ça ne suffira pas et je vais me trouver assez honteux. La dernière descente de la matinée a été réalisée à moitié sur les fesses, à moitié sur les pieds et aidé par une Hmong enceinte de 8 mois. Un poulet occidental de 80 kg aidé par une crevette vietnamienne enceinte jusqu’aux oreilles. Comme la veille, à l’arrivée à notre « restaurant », les Hmongs essayent de nous vendre des petites sacoches. Nous procéderons comme la veille. Nous retrouverons Karine au restaurant. Jerry lui nous a abandonné au commencement de la journée pour rejoindre l’auberge. A la vue du pantalon de Karine, on comprend rapidement qu’elle a eu aussi quelques problèmes d’adhérence. En plus elle est trempée et frigorifiée, je lui propose donc gentiment ma cape de pluie dont je ne me sers pas en pensant qu’elle allait la laisser à l’auberge et que je pourrais la récupérer à notre retour. Mouais, tu es trop naïf mon pauvre, tu aurais dû dire adieu à ta cape de pluie. L’après-midi est moins glissant mais plus monotone. A ma demande, nous suivrons pendant un long moment la route afin d’éviter les sentiers rendus trop casse-gueule par la pluie. Nous visiterons la maison d’un Dao rouge nettement moins accueillante que la maison Zay visitée la veille. La route de l’après midi est brumeuse, longue et humide. Mais nous apercevons enfin le village de Bàn Hô où nous dormirons ce soir. Mais avant d’arriver, une dernière descente redoutable nous attend et franchement j’ai regretté de ne pas avoir pris ma luge, ça aurait été l’éclate. Un groupe qui nous devance de quelques mètres nous donne un aperçu de la tâche qui nous attend. Une personne de ce groupe se mettra un genou en l’air pendant la descente. Nous la recroiserons à la gare de Lao Cai le lendemain, elle boîtait bas et était un peu énervée car elle ne s’attendait pas du tout à ce genre de sentier. Je pense que je l’aurais également mauvaise si je m’étais esquinté quelquechose. Arrivés au village, nous sommes censés dormir chez l’habitant mais c’est très proche de la veille. Une fois le sac posé, première chose à faire : nous changer et nettoyer nos chaussures. Pour le repas, on nous propose de nous servir le repas dans les « dortoirs » et de manger tout seul comme deux cons. Mais non, on n’est pas d’accord, nous irons nous incruster dans le repas de la famille (après avoir demandé leur accord bien évidemment). Joyeux repas autour du foyer.
Encore une fois la nuit fût bonne, mais la tête est toujours un peu en vrac. Pas assez pour ne pas me rendre compte du magnifique paysage du matin composé de nuages accrochés aux flancs des montagnes et laissant filtrer une douce lumière. Petit déjeuner avec la famille, puis nous partons avec Hiên pour la visite du village de Ban Hô. Mais je ne savoure pas vraiment, vraiment du mal à supporter la chaleur ce matin. Nous commençons par la visite des sources chaudes du village qui sont à mon goût sans intérêt. Enfin si, la traversée du pont de bambou au dessus d’une rivière assez agitée était assez drôle. Surtout une fois que j’avais traversé et que je pouvais observer sereinement Louloute serrer les fesses quand son tour était venu. Gnarc gnarc. Puis visite des chutes d’eau LaVie (comme les bouteilles d’eau minérale Nestlé là-bas). Mais vraiment pas la forme et je ne prête guère d’attention à cet endroit pourtant sympathique. Nous nous arrêterons dans une maison d’hôte afin que je puisse me désaltérer. Ca me fera le plus grand bien en plus la gérante est bien aimable. Il s’agit d’une des pionnières de l’accueil de touristes dans ce village. Une marque rouge et ronde de la taille d’une pièce de 2 euros sur son front m’intrigue. Il s’agit en fait de la trace laissée par une corne de buffle remplie de charbons ardents que les femmes de la région s’appliquent sur le front en cas de fortes migraines. Suite à cet accueil délicieux et à une bouteille d’eau tout aussi délicieuse, nour rentrons à notre maison d’hôtes pour un repas rapide car nous devons rejoindre notre chauffeur pour l’après midi. Mais avant de pouvoir le rejoindre, il faudra faire une petite marche, pas longue mais ça grimpe sec et le soleil donne. Bref quand nous apercevons la voiture, c’est un soulagement. Notre chauffeur nous emmenèra dans un village où se déroule une fête tay. Mais il y a nettement plus de Hmong que de Tay. Assez logique étant donné que les Hmongs représentent 52% de la population dans la région. A cette fête divers jeux :
- une danse entre des bâtons de bambou que des personnes bougent au rythme de la musique. Ca se rapproche un peu de l’élastique dans les cours de récréation française mais en nettement plus compliqué.
- un jeu de force où deux personnes sont placées aux deux extrêmités d’un court morceau de bambou et où l’objectif est de pousser l’autre. Je vivrai d’ailleurs une défaite cuisante contre un américain. Défaite qui me laissera un bleu de la taille d’un poing sur la cuisse.
- un jeu où il faut transpercer une toute petite cible située à environ 25 mètres de haut.
Après midi vraiment agréable. Nous rentrerons à l’hôtel assez tôt dans l’après midi ce qui nous laissera le temps de prendre une bonne douche à l’hôtel, d’aller faire un petit tour dans Sapa et de faire quelques provisions pour le voyage nocturne en train. Nous passerons également par l’office de tourisme pour acheter une carte de la région en souvenir. Et enfin nous prendrons le minibus pour rejoindre la gare de Lao Cai. A l’aller, nous avions dormi profondément mais là non. Et on se rend bien compte que le route n’est pas toute droite, et en plus quand elle est droite, il faut éviter les buffles qui traînent. Arrivés à Lao Cai, nous serons pris en charge par un jeune Vietnamien dans un café qui nous raménera nos billets 15 minutes plus tard. Faut pas chercher à comprendre, moi tant que je dors dans une couchette cette fois-ci. A la gare de Lao Cai, de nombreux Vietnamiens proposent leurs services pour laver vos chaussures. Une fois dans le train, nous partegerons notre compartiment couchette avec un couple d’Hollandais dont la femme est originaire du Viêtnam. Ils sont accompagnés de leur fille, toute mimi. Malgré la couchette, la nuit ne sera pas délicieuse. Ca bouge quand même pas mal et l’ambiance dans le compartiment est assez étouffante.
Arrivés à 5h00 à Hanoi, nous rejoindrons le lac Hoan Kiem puis un hôtel pour se doucher et dormir un peu et enfin le musée d’ethnologie puis l’aéroport pour décoller vers Huê.